Il faut être pompier pour aller au bal
Mes yeux ont vu des fées
Volant dans le ciel
Avec leurs grandes ailes supersoniques
Sur leurs balais aérodynamiques
Leurs cheveux de blonde soie
Leur mélodie des matins sur la Loire
J’ai vu les fées voler vers la lumière
Comme une Orange de jeunesse libre et révoltée
Comme le vin des arbres de leurs racines coulant
Elles étaient sur la voie qui souffle l’hiver
Comme un élevage de canaris
Comme un grand hôpital en souffrance
Comme un syndicat qui a perdu sa lutte finale
Comme un melon en tête d’épouvantail
Sous le chaud soleil où nous brûlons
Les fées zigzaguaient avec leurs légères ailes supersoniques
Où il y avait des baguettes et des étoiles
Des étincelles filantes
De la poudre de perlimpinpin
Des grilles de Loto
Des mariages
Du rêve
Où il y avait des primevères
Les fées zigzaguaient avec leurs légères ailes supersoniques
Où il y avait des baguettes et des comètes
Des étoiles errantes
De la poudre de perlimpinpin
Des limousines en pièces détachées
Des canapés
Des mariages
Du rêve
Où il y avait des papillons
Dans le ciel de Suresnes
On entendait le tonnerre secouer une ville atlantique
Etait une sirène
Dans les champs de silènes
Elles zigzaguaient
Et la lune
La Séléné aux blanches moustaches
La reine de la nuit
La face cachée du soleil
Qui réveille les garous
Mais qui sur nos chapeaux
Comme sur les monts de Lascaux
Ne fait tomber jamais les cheveux de Pierrot
Les regardait zigzaguer
Elles effleuraient le lit où les poissons pêchent des leurres
Cette nuée de libellules si frêle et si translucide
Sous le chaud soleil où nous brûlons de vivre
Leurs parfums rayonnants de soie violets
Leurs vêtements n’avaient pas l’émétique couleur
De l’ordre
De l’obéissance
De la soumission
Elles étaient belles elles étaient nues
Elles étaient vivantes
Oui
Vivantes elles sont
De la nature à l’unisson
J’ai entendu les fées bourdonner dans la lumière
Elles avaient la nudité
Des nymphes et de Vénus
Des papillons sur les corolles
Des boutons de rose des ventres de femmes
De la souris agrippée à un morceau de gruyère
J’ai entendu les fées bourdonner dans la lumière
Essoufflées d’argent de beauté de jeunesse
Elles avaient la nudité
Des caravanes de kermesse
Du clown et de l’équilibriste assis sur un tabouret à trois pieds
D’une maison sans toit ni loi
Du vin qui aux racines des lampadaires coule
Elles avaient la nudité
De la télévision
Des gares de la campagne
Du téléphone portatif chèrement tenu à l’oreille séquestrée
Chétif fétiche abrutissant
Et d’une cabine d’essayage au milieu d’un terrain vague
Elles volaient zigzaguant depuis notre imaginaire
Et c’était notre rêve qui zigzaguait
Cinéma ! |
Chaplin regardé par des enfants !
|
|
|
||
Morceaux de brioche savoureuse aux lèvres de Jackie ! |
||
Nymphéas sur le lac de Claude Monet ! |
||
|
||
La Chimère ! |
Les Illusions ! |
Ce Printemps !
|
Gastronomique – Quelle horreur !
Où la ville étouffée de trompeuses publicités
Ces ardentes enseignes les pires des fleurs
D’une musique en conserve lumières assassines
De happy ends les films d’Hollywood
Qui séduisent tant
Des films de poulet et de poulettes
De navets les écrans
Décervelés bien pensants
Clignote afin, imbéciles, de guider les carrioles sépulcrales
Vers les usines où roulent les esclaves motorisés
Le thé sanglant de la journée
Est un sommeil de la liberté
Est le corbillard des jacqueries
Un printemps Un tel printemps où l’on croit que
Les fleurs de plastique ont l’odeur
Des lilas et des camélias
Dame ! Où goulûment en troupeau on contemple
|
Ces bras qui saignent en l’air nos cœurs |
|
Ces ardentes enseignes les pires des fleurs |
|
Le soleil n’a plus de lieu sûr |
|
Ses rayons chevauchent sans chaussures |
|
La mort est l’unique levure |
La poésie se niche au sein des extrapolations
Oui
Slogan belliqueux
Vers d’autres intérêts
Slogan absurde
Vers d’autres horizons
Slogan somnifère
Ces religions
Slogan somnambule
Tous ces slogans
Qui rendent la société sourde, muette et aveugle aux fées mendiantes
J’ai entendu les fées bourdonner dans la lumière du printemps
Comme les elfes transforment un théâtre en grand lin
Dans ma ville de Loire-Atlantique
Attentat qui intoxique assourdit commandite
Et annihile dans les esprits le blanc et singulier nuage
Commerce où l’on transpire de soif
Et où l’on s’enlise et où l’on meurt d’envie
Marketing qui normalise un artiste fou
Et extirpe avec ses faux sourires
Leurs rêves bleus et leurs ensorcelantes rimes
Foudre clignotante qui frappe d’une affiche
Spot avec sa douce musique d’ascenseur
Qui carrelle dans son balayage
Et dont la rouge et verte lumière incendie les immeubles muets
La pensée s’évapore
Entre un livre de philosophie
Et un livre de contes
La rêverie s’évapore
Entre un livre de liberté
Et…
Attentat |
Commerce |
Marketing |
Publicité |
Les fées dans l’obscurité zigzaguaient toutes ailes déployées
Indifférentes au but final
Il faut être pompier pour aller au bal
Il n’était pas nécessaire à leur magie
D’avoir mille neuf cent quarante-cinq la mémoire
D’avoir bicentenaire la commémoration
D’avoir ni regrets ni culpabilité
Que baisse le chômage de Marianne métamorphosée
Que nenni
Pour qu’elles bourdonnent dans les airs
Rien n’était indispensable
Rien
Seulement une lutte boxée de poésie avec les économistes perroquets
J’ai vu les fées sur leurs balais
J’ai entendu leurs yeux de prunelle océan
Les fées avec moi volant contre un Vatican
Elles avaient la couleur des symphonies de Mahler
Elles avaient la couleur des poésies de Cocteau